Définir tes objectifs de freelance : la boussole des 90 jours

Pourquoi travailler ses objectifs ?

Je me souviens d’une période où, chaque matin, j’ouvrais dix onglets pour explorer de nouvelles idées. J’étais comme un papillon attiré par toutes les lumières brillantes du web. Et jour après jour, je finissais par m’éparpiller. Aucun vrai cap, juste le vertige des possibles.

Avoir des objectifs, c’est comme tracer un sillon dans un champ un peu trop vaste. Tu sais où tu poses ta bêche, tu sais ce que tu laboureras demain. Sans cet effort de planification, le risque est de s’essouffler. Faire du surplace. Voire reculer.

Tu veux savoir pourquoi c’est crucial de bosser tes objectifs ?

  1. Parce qu’ils te donnent une direction. Tu fends la foule d’innombrables sollicitations et tu choisis où mettre ton énergie.
  2. Parce que c’est le meilleur moment. Le monde vacille, c’est justement quand tout tangue qu’il faut semer les graines qui tiendront debout.
  3. Parce que l’inverse – le fait de papillonner sans but – te fera perdre un temps précieux. Et la résignation guette quand la journée se termine et que tu n’as rien fait progresser d’important.

Et puis, il y a le fameux “syndrome de l’objet brillant”. Cette tendance à courir après chaque nouvelle opportunité. Un nouvel outil, un nouveau client, un nouveau projet “révolutionnaire”. Tu te laisses happer par l’illusion du neuf. Mais cette fuite en avant est un gouffre d’énergie. Et au final, tu ne concrétises rien.

Travailler tes objectifs, ça veut dire reprendre la main sur ta trajectoire. Agir au lieu de subir. Hier je peinais à tenir un projet sur la durée parce que je n’avais pas identifié clairement ce que je voulais vraiment. Aujourd’hui, en posant des jalons clairs, je m’autorise à avancer pas à pas.

Alors oui, ça demande de la rigueur. Mais tu verras vite la différence. Quand tu sais où tu vas, le moindre pas te rapproche de ta cible. Et même si tu doutes, tu te dis : “J’ai fixé ce cap pour une raison. J’y vais.”

Voilà pourquoi travailler ses objectifs n’a rien d’accessoire. C’est la boussole qui te permet de naviguer sur des flots incertains. Et crois-moi, elle devient vitale quand le monde autour commence à tanguer.

Comment faire ?

Quand j’ai voulu devenir DJ, au début, j’imaginais déjà des foules en transe et des basses à faire trembler les murs. C’était un but, ce grand rêve un peu fou. Mais pour passer du fantasme à la réalité, il m’a fallu des objectifs tangibles : m’entraîner deux heures par semaine sur mon matos, chercher un mentor, me caler un créneau fixe pour découvrir de nouveaux sons.

La nuance est cruciale :

  • Ton but, c’est cette vision un peu lointaine, l’envie qui te fait vibrer.
  • Ton objectif, c’est ce que tu peux concrètement contrôler, seul, au quotidien.

En gros, un but peut être : “Devenir DJ.” Un objectif, c’est “Je bosse mes platines deux heures par semaine, chaque mercredi soir, casque sur les oreilles, sans interruption.”

Pourquoi c’est important de faire la différence ? Parce que souvent, on confond les deux et on se retrouve à culpabiliser de ne pas être déjà arrivé en haut de l’affiche. Or, si tu n’as pas découpé tes aspirations en petites marches accessibles, tu te condamnes à une frustration récurrente.

Alors, comment faire ?

  1. Clarifie d’abord : qu’est-ce qui te fait vraiment vibrer ? C’est ton but, ta grande étoile.
  2. Note ensuite : quelles actions dépendent uniquement de toi et te feront avancer vers ce but ? Ce sont tes objectifs.
  3. Réserve du temps dans ton agenda : si tu ne protèges pas des créneaux sacrés pour bosser ces objectifs, tu finiras emporté par le tourbillon du quotidien.

Et ainsi, petit à petit, tu passes de la vue haute (ton but) à la vue terrain (tes objectifs). C’est un peu comme passer du rêve de gravir l’Everest à la vraie ascension, pas à pas, chaque jour, à mettre un pied devant l’autre. C’est là toute la différence entre rester dans l’illusion et avancer concrètement.

Ma méthode

Tu sais, j’ai toujours eu un petit rituel : je m’installe au petit matin (ou tard le soir, selon l’humeur), avec mon papier et mon crayon, une tasse de thé fumante et si possible un coin de verdure autour de moi. J’ai besoin de me sentir entouré de vie, de sentir l’air frais sur mon visage. Et je garde aussi la possibilité de me lever, de faire quelques pas ou un étirement. Parce que mes idées ne circulent jamais aussi bien que quand mon corps est en mouvement.

Comment je procède ? Je commence par une phase d’introspection. Je note à la volée tout ce qui me passe par la tête :

  • Qu’est-ce qui est important pour moi en ce moment ?

Qu’est-ce que j’aimerais accomplir dans les mois qui viennent ?

Qu’est-ce que j’adore faire dans mon quotidien ?

Qu’est-ce qui me pèse, au contraire ?

Et je prends soin d’inclure aussi bien la sphère pro que la sphère perso. Parce que j’ai longtemps tenté de cloisonner les deux, en vain. J’ai fini par comprendre que mes objectifs professionnels impactent (presque) toujours ma vie privée, et vice versa. Autant jouer franc-jeu dès le départ.

Une fois toutes ces réflexions jetées sur le papier, je prends un temps pour relire, souligner, faire ressortir ce qui me semble vraiment essentiel. Tu sais cette sensation quand un mot résonne un peu plus fort que les autres ? C’est un indice que j’explore.

Le but, c’est de laisser émerger des fils conducteurs. Souvent, je remarque qu’il y a trois ou quatre grandes priorités qui ressortent, un peu comme si elles s’éclairaient toutes seules. Alors seulement, je note quelques objectifs concrets pour chacune d’elles. Par exemple, si je vois que la nature me manque, je peux décider de passer deux heures par semaine en forêt. Ou si je réalise que j’ai besoin d’étoffer un domaine précis dans mon métier, je me fixe deux actions de formation avant la fin du mois.

Cette méthode n’a rien de révolutionnaire, mais elle m’aide à me reconnecter. J’évite de me laisser aspirer par le flux incessant d’e-mails, de notifications et de tâches urgentes. Je garde une boussole qui me rappelle ce qui compte vraiment, pour moi, et pas juste pour la to-do-list du jour.

C’est ça, la “méthode Benoit” : un rendez-vous avec moi-même, un stylo, du thé, de la verdure et un soupçon de mouvement. Prends le temps de faire le point, et laisse sortir ce qui te tient à cœur – parce que c’est là que tout commence.

La méthode de Pierre

Pierre fonctionne tout autrement. Lui, il a besoin d’être accompagné. Dès qu’il se lance dans une nouvelle phase de sa vie, il s’entoure d’un regard extérieur, et cette fois-ci, il a choisi Isabelle, une coach qui l’aide à mettre de l’ordre dans ses idées.

Ils commencent toujours par définir ensemble la vision à cinq ans. Tu sais, cette sorte de tableau idéal où tu te dis : “Dans cinq ans, voilà où je veux en être.” Pas de limites pour rêver, on y va franco. Par exemple, Pierre rêve de “créer une croissance prévisible” pour son chiffre d’affaires. Un gros mot, peut-être, mais ça a le mérite de donner le cap.

Ensuite, ils découpent cette vision en axes stratégiques. Pour Pierre, ça veut dire réfléchir à comment il va structurer ses processus, à qui il va déléguer certaines tâches – bref, la mécanique concrète de sa future croissance.

Puis vient la liste des objectifs. Là, on rentre dans le dur :

• Former et déléguer la prospection, pour ne pas s’essouffler à faire tout seul.

• Mettre en place un tunnel de vente “carré” et mesurable.

• Rester vigilant à son équilibre de vie.

Chaque objectif est associé à des résultats attendus. Ça peut être un montant de chiffre d’affaires, un nombre de nouveaux prospects contactés, ou le fait de préserver un week-end à rallonge par mois. L’important, c’est de garder les yeux rivés sur des éléments concrets, chiffrables ou vérifiables.

Pour y arriver, Isabelle et lui décident des étapes d’exécution :

• Planifier des sessions de prospection chaque lundi, chaque mercredi.

• Déléguer tout ce qui peut l’être en automatisant via des outils ou en recrutant un freelance.

• Faire un point de pilotage mensuel pour mesurer la progression.

Enfin, il y a les actions : la partie “checklist” de la méthode. “Définir une cible claire”, “concevoir une offre adaptée”, “tester et ajuster le tunnel de vente”… Sur le papier, ça semble fastidieux, mais pour Pierre, c’est un véritable soulagement. Il sait ce qu’il doit faire aujourd’hui, cette semaine, ce mois-ci. Et surtout, il sait que quelqu’un – Isabelle – vérifiera que ça avance.

C’est ça, la méthode de Pierre. Un plan issu d’un grand rêve, qui se décline en bite-sized actions. Un travail à deux, pour garder une lucidité qu’on perd parfois quand on est trop le nez dans le guidon. Ajouter un coach dans l’équation, ça peut être vu comme un luxe, mais si ça te permet de décoller, pourquoi t’en priver ?

La Méthode des 90 Jours

Il m’a fallu longtemps avant de saisir l’importance d’une bonne échelle de temps. Souvent, on se fie au calendrier de l’année, puis on rumine chaque matin sur la to-do du jour. Mais ce grand écart entre la vision à douze mois et l’urgence quotidienne est un piège : on se croit invincible sur une seule journée (on se surcharge), et on sous-estime gravement ce qu’on peut accomplir en un an.

La méthode des 90 jours, c’est une sorte de pont entre ces deux extrêmes. Un trimestre, c’est assez court pour maintenir l’énergie, et assez long pour voir des progrès réels. Voici comment je la pratique :

  1. D’abord, je me demande : Où est-ce que je veux être dans cinq ans ? C’est la vision au long cours.
  2. Je réduis ensuite le focus : Que puis-je faire cette année pour me rapprocher de cette vision ?
  3. Je découpe l’année en quatre segments de 90 jours. À chaque début de trimestre, je définis trois (ou quatre) gros objectifs maximum. Pourquoi si peu ? Parce que plus, c’est la dispersion garantie.
  4. Pour chaque objectif, j’identifie des actions concrètes à mener. On peut tout à fait planifier le rythme semaine par semaine, du genre :
    • Semaine 1 : Je prépare la stratégie (lire, me former, poser les bases).
    • Semaine 2, 3, 4 : Je mets en exécution les premières étapes.
    • Semaine 5 : J’analyse les retours, je rectifie le tir. Et ainsi de suite.
  5. Enfin, je fais un point chaque semaine (souvent le dimanche soir) pour voir si je tiens le cap. Les semaines s’imbriquent, les mois passent, et à la fin du trimestre, je fais un bilan.

Le secret, c’est ce bilan de fin de 90 jours. Tu t’assois, tu te dis : “Ok, j’ai fait quoi ? J’ai tenu mes engagements ?” Si oui, tu t’offres un petit moment de fierté (important, celle-là). Si non, tu apprends de tes échecs – parce que la méthode s’affine avec le chapitre d’après.

Grâce à ce rythme trimestre/par trimestre, tu évites le piège du “un jour, je m’y mettrai” et celui du “il faut absolument tout faire cette semaine”. C’est un peu comme une respiration : chaque trimestre, tu te lances avec ambition, tu avances, et tu rectifies. Au bout d’un an, quand tu regardes dans le rétroviseur, tu réalises soudain que tu n’es plus la même personne. Tu as accumulé une belle progression, tranquillement, sans t’épuiser.

Voilà la recette finale : 90 jours, un maximum de trois-quatre objectifs, un point hebdo, un bilan trimestriel. C’est à la fois simple et terriblement efficace pour passer de la dispersion à l’action concrète.

Bref

Bref. On a tendance à surestimer ce qu’on peut abattre en une seule journée – et à sous-estimer la petite révolution qu’on peut opérer en un an. Définir des objectifs, c’est choisir une direction parmi la foule de possibilités, c’est donner un sens à ses gestes quotidiens – surtout dans les moments où tout vacille.

Et si ça change en chemin ? Tant mieux. Parce que le véritable enjeu, c’est ce que tu apprends en route, et non l’arrivée. Alors lance-toi, prends ce stylo, cale tes rituels, entoure-toi si besoin. C’est d’abord la trace que tu laisses, pas juste la destination.

Benoit

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *