Les périodes sans mission peuvent peser sur le moral des pros du numérique. Entre la pression de l’employeur en SSII et la gestion de ces moments creux en freelance, tu cherches des réponses sur l’intercontrat ? Faisons le point sur tes droits et les meilleures pratiques à adopter.
Comme le souligne Cyril Houillon, développeur freelance et membre du Cercle : « Le métier de développeur, c’est bon, on est au top là-dessus. Le métier d’entrepreneur, c’est quelque chose auquel on n’est pas forcément formé. » Alors, on t’accompagne dans la compréhension et la gestion de ces périodes d’intercontrat.
Définition et cadre légal de l’intercontrat
Entre congés forcés et projets en stand-by, l’intercontrat fait souvent figure d’épouvantail dans le monde des ESN. Pourtant, cette période de flottement entre deux missions peut se révéler être une véritable opportunité de développement professionnel et personnel.
Qu’est-ce que l’intercontrat en SSII ?
L’intercontrat désigne la période durant laquelle un consultant n’est pas affecté à une mission client. Cette situation survient fréquemment dans les SSII (Sociétés de Services en Ingénierie Informatique) ou ESN (Entreprises de Services Numériques).
Un développeur en CDI chez Capgemini ou toute autre ESN reste rémunéré pendant cette période, même sans mission. Les entreprises type DSI cherchent à limiter ces phases pour maintenir leur rentabilité.
L’intercontrat est-il encadré juridiquement ?
La convention Syntec ne mentionne pas explicitement l’intercontrat. Néanmoins, le Code du travail encadre cette situation :
- L’employeur doit fournir du travail au salarié
- Le contrat de travail continue de s’appliquer
- Le salaire reste dû intégralement
Quelle est la responsabilité du salarié et de l’employeur ?
L’employeur porte la responsabilité principale pendant l’intercontrat :
- Maintenir la rémunération
- Proposer des missions adaptées
- Former le consultant si nécessaire
Le salarié conserve ses obligations :
- Rester disponible
- Accepter les missions correspondant à ses compétences
- Participer aux formations proposées
Comme le rappelle Alexandre Trigueros, ancien salarié : « Le fait d’être transparent, d’être capable de dire ce que vous attendez, vous permet d’être en mesure de fournir ou de s’apercevoir que ça colle ou que ça ne colle pas. »
Droits et obligations pendant l’intercontrat
Mission impossible : garder son calme quand ton ESN t’impose des journées de « veille technologique » ou des congés surprises ? Pas de panique ! Si certains employeurs excellent dans l’art de jouer avec les zones grises du droit du travail, tu as plus de cartes en main que tu ne le penses.
Où effectuer son intercontrat : à domicile ou à l’agence ?
La question du lieu de travail pendant l’intercontrat fait souvent débat. En théorie, ton contrat de travail définit ton lieu habituel de travail – généralement les locaux de l’ESN. Sans avenant ou accord spécifique, tu dois t’y rendre.
Peut-on imposer des congés pendant l’intercontrat ?
Non, ton employeur ne peut pas te forcer à poser des congés pendant un intercontrat. Cette pratique, bien que courante chez Google ou d’autres géants de la tech, reste illégale dans les ESN françaises. Le Code du travail prévoit un délai de prévenance minimum d’un mois pour imposer des congés.
L’employeur doit-il fournir du travail au salarié ?
Absolument ! L’obligation de fournir du travail constitue un pilier fondamental du contrat de travail. Même sans mission client, l’ESN doit te proposer :
- Des projets internes
- Des formations techniques
- Du mécénat de compétences
- De la veille technologique
Le salarié peut-il refuser certaines missions ?
Un consultant peut refuser une mission si elle :
- Ne correspond pas à ses compétences
- Implique un déplacement non prévu au contrat
- Présente des conditions de travail dégradées
Pierre Ammeloot, co-fondateur du Cercle, souligne : « Le fait d’être en capacité de tester par itération rapidement augmente le nombre de réussites. Appliquez ce principe dans votre recherche de mission ».
La clé ? Maintenir un dialogue constructif avec ton employeur tout en connaissant tes droits. En cas de pression excessive, n’hésite pas à consulter les représentants du personnel ou un avocat spécialisé en droit du travail.
L’intercontrat pour les développeurs freelance
Exit l’ESN, bonjour la liberté ! En tant que freelance, l’intercontrat change radicalement de visage. Plus de manager anxieux ni de pointage obligatoire, mais une nouvelle équation à résoudre : comment transformer ces périodes creuses en véritables boosters de carrière ?
Spécificités de l’intercontrat pour les développeurs freelance
Contrairement aux salariés en ESN, tu ne perçois pas de salaire fixe pendant l’intercontrat. Élise Patrikainen, lead frontend freelance, partage son expérience : « Le Cercle m’a aidée à mieux définir mon positionnement et ma proposition de valeur auprès de mes clients. Avoir une meilleure confiance en moi m’a permis de mieux gérer ces périodes ».
L’absence de mission devient alors un moment stratégique pour :
- Repenser ton positionnement
- Développer ton personal branding
- Explorer de nouvelles technologies
- Construire ton portefeuille de services
Comment gérer les périodes creuses en freelance ?
David Mohamed, membre du Cercle, témoigne : « Le fait d’avoir du temps pour moi était ma motivation principale pour devenir freelance. Mais structurer cette liberté demande de l’accompagnement ».
Anticiper ses périodes creuses, c’est :
- Constituer une trésorerie de sécurité
- Diversifier ses sources de revenus
- Optimiser son portage salarial si nécessaire
- Planifier ses projets personnels
Comment se former pendant l’intercontrat ?
Transforme ton temps libre en investissement pour l’avenir. Arnaud Langlade, artisan logiciel, raconte : « J’ai décidé de créer une formation sur l’architecture hexagonale et le DDD tactique. L’intercontrat m’a permis de concrétiser ce projet ».
Les pistes à explorer :
- Certifications techniques pointues
- Formations en gestion d’entreprise
- Veille sur les nouvelles technologies
- Participation à des meetups et conférences
Conseils pour trouver de nouveaux clients
Alexandre Trigueros souligne : « Les facilités à communiquer avec mon client, à être transparent avec lui, c’est un bénéfice énorme ».
Pour raccourcir les périodes d’intercontrat :
- Active ton réseau professionnel
- Optimise ta présence sur LinkedIn
- Participe à des communautés tech
- Propose des missions de conseil courtes
- Explore les dispositifs comme le CIR pour les projets innovants
Le secret ? Voir l’intercontrat non comme une contrainte mais comme un accélérateur de ton développement professionnel.
Sortir de l’intercontrat
Votre ESN/SSII te met la pression pour quitter le navire ? Entre licenciement déguisé et harcèlement moral, certains employeurs excellent dans l’art de transformer l’intercontrat en cauchemar.
Quelle est la durée maximale de l’intercontrat ?
La loi ne fixe pas de durée maximale pour l’intercontrat. Comme le rappelle Cyril Houillon : « Le métier d’entrepreneur, c’est quelque chose auquel on n’est pas forcément formé ». En SSII, tout dépend de :
- La santé financière de l’entreprise
- Ton niveau de compétences
- Le marché local
- La période de l’année (le fameux day one de janvier étant souvent plus dynamique)
L’intercontrat peut-il justifier un licenciement ?
Attention danger ! Selon la Cass. Soc., l’intercontrat seul ne constitue pas un motif valable de licenciement. L’employeur doit prouver :
- Des difficultés économiques réelles
- Des tentatives de reclassement
- L’impossibilité de maintenir le contrat de travail
Marc Bouvier, membre du Cercle, témoigne : « Ce qui m’a motivé à devenir développeur freelance, c’est que je me suis rendu compte que j’avais besoin d’organiser moi-même mon activité, de pouvoir choisir mes clients, de pouvoir organiser mon temps, ce que je pouvais pas forcément faire ou ce qui n’était pas évident à faire quand j’étais salarié. ».
Comment l’employeur peut-il pousser à la démission ?
Les techniques de pression varient :
- Missions éloignées géographiquement
- Formations sans intérêt
- Mise au placard dans les locaux
- Réduction des avantages sociaux
La rupture conventionnelle devient alors une porte de sortie négociée, mais attention aux conditions ! Le conseil des prud’hommes reste vigilant sur le consentement libre et éclairé du salarié.
Comment contester un licenciement abusif ?
Tu disposes de plusieurs recours :
- Saisir les représentants du personnel
- Contacter l’inspection du travail
- Prendre acte de la rupture du contrat
- Porter l’affaire devant les prud’hommes
N’oublie pas : la meilleure défense reste la préparation. Documente chaque événement et garde des traces écrites de tes échanges avec l’employeur.
Bonnes pratiques pour vivre l’intercontrat
Intercontrat : ce mot qui fait trembler les uns et rêver les autres ! Entre développeurs qui y voient une pause forcée et managers qui cherchent à l’éviter comme la peste, cette période cristallise bien des tensions. Et si on changeait de perspective ?
Comment garder le moral et rester motivé ?
Pierre Ammeloot, co-fondateur du Cercle, partage son expérience : « Le fait de pouvoir se mettre à nu au sein d’un cadre sécurisant permet quelque chose d’hyper intéressant ».
La clé réside dans la structure de vos journées. Maintenez un rythme similaire à celui de vos missions, avec des horaires fixes et des objectifs quotidiens. L’isolement représente votre premier ennemi : rejoignez une communauté de développeurs pour échanger, apprendre et rester connecté au monde professionnel.
Thomas Stocker, membre du Cercle, résume parfaitement : « Famille, entrepreneuriat et passage à l’action sont les piliers pour avancer ». Profitez de ce temps pour cultiver votre réseau professionnel et maintenir des liens actifs avec vos anciens clients ou collègues.
Comment améliorer son employabilité ?
L’intercontrat offre l’occasion parfaite pour monter en compétences. Alors, consacre du temps à ta veille technologique. Les technologies évoluent rapidement dans notre secteur, et rester à jour constitue un avantage concurrentiel majeur. Investis dans des certifications techniques recherchées par le marché, tout en développant ta présence en ligne via un blog technique ou des contributions open source.
La gestion des ressources humaines mérite également ton attention, particulièrement si tu vises un poste de lead. Le développement de ces soft skills te distinguera de la concurrence purement technique.
Quels sont les recours possibles en cas de litige ?
Face aux abus, tu n’es pas seul. Arnaud Langlade conseille : « Ça change tout de pouvoir s’appuyer sur des gens qui sont déjà passés par là. Le Cercle Tech, par exemple, est une très bonne option. ».
La médiation constitue souvent la première étape. Rapproches-toi des représentants du personnel qui connaissent les rouages de l’entreprise et peuvent faciliter le dialogue. L’inspection du travail reste également un interlocuteur précieux pour comprendre tes droits et les faire respecter.
En cas d’échec de la médiation, un avocat spécialisé pourra évaluer la pertinence d’une action aux prud’hommes. Le point crucial ? Documentez chaque échange, chaque décision, chaque refus. Ces éléments constitueront la base de votre dossier en cas de contentieux sur le contenu de la prestation de travail.
La clé du succès réside dans votre capacité à rester proactif, maintenir le dialogue et vous entourer des bonnes personnes. Que tu choisisses de rester en SSII ou de te lancer en freelance, l’intercontrat peut devenir un moment privilégié pour repenser ta carrière et tes objectifs professionnels.
